La malédiction du fil maléfique
Je ne sais pas comment ça se passe pour vous, mais moi, quand j'achète du tissu (ou quand Couturus le fait pour moi ce qui revient à peu près au même au regard de mon compte bancaire), les coupons se retrouvent généralement dans 2 catégories distinctes :
- les tissus "chers" mais qu'on aime d'amour fou alors l'amour étant aveugle, on n'a pas vu le prix avant qu'il soit trop tard
- les tissus "pas chers" qu'on aime sans plus mais qu'on voit bien ce qu'on va en faire, de préférence pour des monstros destructeurs chroniques de fringues en tout genre et de pantalons en particulier.
Et puis exceptionnellement, il arrive qu'un coupon n'entre dans aucune de ces 2 catégories. C'est le cas de ce petit coupon de Liberty là.
Même si j'en aime beaucoup le motif, je ne le vois pas du tout pour un vêtement pour moi et encore moins pour les monstros (non, désolée, mais le rose pour eux, j'y arrive pas : pas compatible avec leur côté Attila du futal). J'avais donc beau tenté d'imaginer quoi coudre dedans, rien ne me venait à l'esprit. Mais j'étais certaine d'une chose : j'en ferais un joli vêtement pour fillette et je savais exactement à qui il serait destiné : à une adorable petite fille modèle pour sa fête. Alors quand, lors des dernières soldes de Stragier, il a été disponible à un super prix, je n'ai pas hésité une seconde à m'en procurer. Et mon joli coupon est resté bien sagement dans mon placard à attendre son heure.
Bip bip bip bip : ah tiens, c'est l'heure justement ! Ça tombait bien, en cherchant à retrouver le patron de la dernière chemise cousue pour Azraël, j'avais eu le déclic sur ce que je ferais du coupon : une blouse d'artiste (c'est le nom du modèle) et une petite jupe assortie, 2 vêtements faciles et rapides à faire, du moins en théorie. Sauf que j'avais oublié de prendre 2 éléments fondamentaux en considération. D'une part, l'existence de trucs qui s'appelleraient le tournoi des 6 nations et la ligue des champions faisant intervenir des mecs qui courent et des ballons. Deux évènements apparemment hyper sacrés pour un Chéri refusant catégoriquement de s'éxiler dans son bureau regarder ses matchs sur son ordi et entraînant donc une interdiction ferme de faire quelque bruit que ce soit dans le salon. Ma Milady chérie étant justement installée pile poil en face de la télé, je me suis sentie quelque peu frustrée et ma productivité s'en est nettement ressentie.
Mais bon, j'aurais eu mauvaise grâce à ne pas faire un petit effort et puis j'aurais encore réussi à être dans les temps (que la demoiselle ait son cadeau le jour J quoi) si je n'avais pas été frappée par la malédiction du fil maléfique ou plutôt si je m'étais rendue compte plus vite que j'étais frappée de cette malédiction. Car voilà, quand j'ai commencé à coudre ma blouse, le petit projet sympa à faire s'est vite transformé en cauchemar que le jersey cause de divorce d'avec ma MAC précédente, c'est de la neugnotte à côté. Après 5 bourrages de fil (et autant de démontage du support de canette pour tout décoincer), des tonnes de reprise de coutures qui ne se cousaient pas et 3 aiguilles cassées, Hystéricus était prêt à donner la pleine mesure de son attaque majeure de pétage de plomb quand je me suis dit que c'était pas possible, il devait forcément y avoir un truc. Ben oui, j'avais jamais eu de problème depuis mon changement de machine et j'avais déjà cousu cette qualité de tissu comme dans un rêve. Et là, ça m'a sauté aux yeux : ce satané fil rose ! Un vieux fil de mes stocks datant de mes premières années de couturière débutante. Un fil tellement vexé d'être resté au fin fond de la boite de fils pendant des années qu'il a développé une rancune tenace à l'égard des couturières de tout poil, jurant de pourrir la vie de sa prochaine utilisatrice. Et il a parfaitement réussi son coup. Un sans faute, une maestria remarquable, une qualité d'exécution de sa vengeance qui force l'admiration. Heureusement, une fois le fil démoniaque viré, tout est allé comme sur des roulettes.
Là, je sens que vous vous demandez ce qu'a bien pu donner le massacre. Ben rien en fait, il n'y a pas eu de massacre. A force de patience, j'ai réussi à lever la malédiction et finalement, elle est très jolie ma petite blouse, exactement comme prévu. Il s'agit bien évidemment d'un modèle tiré d'un livre japonais (je trouve vraiment qu'il n'y a pas mieux pour les vêtements pour enfants), le modèle n du livre Happy Homemade vol 2 ( livre 209 en code JCA), réalisé en stature 120 cm. A part la pose d'une dentelle à l'encolure (pour masquer les défauts de pose du biais lié à l'influence du fil maléfique), je n'ai fait aucune modification.
Devant et derrière de la blouse : j'aime bien les fronces qui donnent de l'ampleur sur le devant.
Gros plan sur le volant des manches 3/4
Gros plan sur le ruban de l'encolure et les petits boutons coeur en nacre.
Je trouve vraiment le résultat adorable. Et malgré les problèmes rencontrés, j'apprécie tellement ce modèle que je pense le refaire en version garçon (pas de volant aux manches ni de dentelle au col et un imprimé coupe du monde). Reste à espérer que sa future propriétaire sera aussi enthousiasmée que moi.