Des sorcières et des dragons
Mercredi dernier sortait au cinéma le tout dernier opus de la trilogie Dragons (également nommé en anglais "How to train your dragon"). Les monstros étant des fans inconditionnels d'Harold et Crocmou, enfin surtout de Crocmou en fait, et vu que ça faisait bien 15 jours qu'ils me bassinaient à me demander quand est-ce qu'on pourrait aller le voir, j'ai décidé de mettre fin à leur supplice (et au mien par la même occasion) le plus rapidement possible.
Alors non, on n'y est pas allé dès sa sortie (je suis pas folle non plus) mais ce dimanche matin et c'était déjà pas triste. Pensez donc, le ciné était tellement blindé qu'on a dû se séparer, n'arrivant pas à trouver 3 places ensemble. Heureusement, j'ai quand même pu dégoter 2 places côte à côte (merci au gentil monsieur qui m'a proposé sa place pour que je puisse rester avec Gargamel, comme quoi, il y a encore des gens sympas et tout et tout) et une juste dernière nous pour Azraël qui était ainsi tout à fait rassuré. Et j'avoue que j'ai passé une des meilleures séances de ciné depuis que j'y emmène les monstros.
D'abord parce qu'ils ont été sages comme des images : pas de mitraillette à paroles à côté de moi pour me poser des questions toutes les 30 secondes et un film suffisamment "calme" pour que Gargamel ne monte pas en pression et se tienne bien tranquille. Ensuite, parce que franchement, il est bien ce film. Je me demande même si ce n'est pas mon préféré de la série (ou alors c'est juste parce que j'étais trop pénarde pour une fois). Une des grandes forces de cette trilogie, c'est que c'est une vraie trilogie et pas juste 3 histoires comme c'est souvent le cas avec les séries de films d'animation. Dans Dragons (le premier opus), on avait un Harold qui entrait dans l'adolescence et faisait sa première rencontre avec Crocmou, découvrait les dragons et leur vraie nature. Dans Dragons 2, Harold devenait un jeune homme, son idyle avec Astrid s'affirmait, son père le préparait à devenir Chef et il découvrait que sa mère était bien vivante et défendait, comme lui, les dragons. Dans ce troisième opus, Harold a encore grandi. Il est à présent le chef de Berk, sauve les dragons des chasseurs de dragons et a créé à Berk une sorte de paradis où les dragons et les hommes vivent en parfaite harmonie.
Un paradis ? Peut-être pas tout à fait parce que des dragons, il y en a quand même un peu trop et que Berk devient non seulement surpeuplé mais surtout le point de mire de tous les chasseurs des environs. Crocmou en particulier les intéresse car à la suite de ses aventures dans Dragon 2, il est devenu l'Alpha, le chef incontesté de tous les dragons. Du coup, pour mettre tout son petit monde à l'abri, Harold n'a qu'une idée en tête : retrouver le monde perdu des dragons, les y ramener et s'y installer avec tout son clan. Autant vous dire que c'est une idée qui ne fait pas l'unanimité, d'autant que personne ne croit à l'existence de ce monde perdu.
Parallèlement à cette quête, on voit apparaître le méchant de l'histoire, un chasseur spécialisé dans l'extermination des Fury Nocturnes qui ne supporte pas l'idée qu'un seul d'entre eux reste en vie. Et bien sûr, il y a la jolie Fury femelle dont Crocmou va chercher désespérément à faire la conquête.
Sur l'histoire, je n'en dirais pas plus, ce serait quand même vous gâcher nettement la surprise sinon. Comme dans tous les Dragons, il y a bien sûr quelques scènes de bataille mais pas tant que cela, ce nouvel opus étant beaucoup plus axé sur la psychologie des personnages et leurs évolutions. On y découvre un Harold troublant mélange d'ado insouciant et de jeune adulte soucieux de ses responsabilités, doutant de ses capacités mais plus décidé que jamais à oeuvrer pour la sauvegarde des dragons, jaloux de Mme Crocmou mais enthousiaste à l'idée de l'accueillir dans le clan, bref, un Harold qui nous ressemble, avec ses doutes, ses hésitations, ses incertitudes. Car il nous ressemble vraiment ce Harold, quelque soit notre âge d'ailleurs car si vis-à-vis de son clan, il nous montre les difficultés que l'on a à s'affirmer, à mûrir bref à grandir et laisser notre enfance derrière nous, vis-à-vis de Crocmou, il nous renvoie à nos questionnements de parents et nos difficultés à laisser nos enfants voler de leurs propres ailes (eh non, j'ai pas cherché à faire un jeu de mots).
Et Crocmou dans l'histoire ? Et bien il va découvrir l'amour et se comporter en véritable ado (mais quel est son âge en fait à notre Crocmou ?) en proie à ses premiers émois amoureux, c'est-à-dire en parfait crétin ! Bon, à sa décharge, n'ayant jamais eu de modèle de son espèce pour lui montrer la marche à suivre, c'est un peu normal aussi qu'il ignore tout de la parade nuptiale des Fury Nocturnes.
Bref, de mon point de vue, mais il n'engage que moi, un excellent film à regarder en famille, qui distraira les plus jeunes et parlera aux plus grands.
Mais Dragon n'est pas notre seule découverte du mois puisqu'après les grosses bêtes à écailles, on poursuit avec les sorcières. Ou pour être plus exacte avec Mary et la fleur de la sorcière, le dernier né du réalisateur Hiromasa Yonebayashi des très récents studios Ponoc. Ce film d'animation japonais est en fait une adaptation du roman The Little Broomstick (Le Petit Balai) écrit en 1971 par Mary Stewart.
Les résumés de l'histoire que l'on trouve pour ce film ne lui rendent pas justice à mon sens car ils sont restrictifs voir inexacts. Ce film raconte en fait l'histoire de Mary, adorable petite rouquine traumatisée par sa couleur de cheveux et d'une maladresse abyssale. Un jour, intriguée par un chat changeant de couleur (en fait, il n'en change pas, ils sont simplement 2), elle le suit et trouve par hasard une drôle de fleur surnommée la fleur de la sorcière. Cette fleur, qui ne fleurit que tous les 7 ans, provient en fait d'un monde magique où une sorcière inconnue en a dérobé les dernières graines qui ont fini par accident dans notre monde. Quelque temps plus tard, le même chat va guider notre héroïne jusqu'à un très vieux balai, celui perdu par notre sorcière inconnue lors de sa fuite du monde magique. Et ce chat, particulièrement intelligent et extrêmement motivé (mais je ne vous dirai pas ce qui le motive, ce sera la surprise) se débrouille pour faire écraser une des fleurs de sorcière par Mary et étaler sur le balai l'espèce de jus qui en sort.
Et là, tadam, voilà notre héroïne dotée de pouvoirs magiques et notre balai qui redevient comme neuf et qui transporte une héroïne plus que réticente jusqu'à l'académie ENDOR, une école de magie des plus réputée dans le monde de la magie. Si, dans un premier temps, Mary se laisse séduire par ce nouveau monde où toutes les personnes qu'elle rencontre la trouve merveilleuse, destinée à devenir une des plus puissantes sorcières et s'extasient sur sa couleur de cheveux, elle va rapidement découvrir 2 vérités : tout d'abord ses pouvoirs sont limités dans le temps (mais rien à voir avec la nuit, d'ailleurs il fait grand jour au début de son aventure) et il lui faut utiliser une nouvelle fleur à chaque fois qu'elle veut réactiver ses pouvoirs et ensuite, la directrice de cette école et son adjoint ne sont pas clairs du tout !
Sur fond d'amitié contrariée, de sens des responsabilités et d'expérimentations scientifiques, cette histoire dénonce l'acharnement magico-scientifique tournant à l'obsession et la soif de pouvoir tout en prônant l'acceptation des autres mais aussi et surtout de soi-même. Comme souvent avec ce genre de dessin animé, on reste un peu sur sa faim à la fin (une grande spécialité des animés japonais je trouve, où une fois le film terminé, j'ai tendance à me dire ben, et la conclusion de l'histoire alors ?)
S'agissant d'un film d'animation japonais, je suis toujours très prudente, préférant les visionner avant de laisser les monstros les regarder. Car sans être nécessairement ultraviolents, ils comportent souvent des scènes difficiles pour le jeune public. Sans être aussi inoffensif qu'un Kiki la petite sorcière, Mary et la fleur de la sorcière peut tout à faire être regardé dès 7-8 ans. En fait, seules les scènes finales où le héros (oui, il y a aussi un héros) se retrouve en quelque sorte absorbé par une masse de magie brute dont il cherche à s'extraire pour aider notre héroïne sont peut-être plus impressionnantes que le reste et me font hésiter à abaisser la limite d'âge à 6 ans. Mais mon âme sensible limite pétocharde d'Azraël n'ayant absolument pas bronché et dormi ensuite comme un bébé, c'est une bonne référence.
S'il a globalement moins plu (y compris à moi d'ailleurs parce que vraiment la fin a un goût d'inachevé ce qui a le don de m'agacer) que Dragons 3, cela reste un petit film sympa à regarder en famille.